2002-2010, 8 ans que je n’avais pas regardé un stockfisch dans les yeux. Après toutes ces années de construction et de déconstruction existentielles, il fallait que je parte en pèlerinage à Gênes. Réfléchir et me recentrer. Les 6 mois que j’y avais passés à l’époque m’avaient laissé un goût de pignon et le désir d’y retourner au plus vite.
«La Superba» n’a pas changé, les mêmes façades, les mêmes « panifici », les bandes noires et blanches du Duomo di San Lorenzo et son petit air de mezquita, des trompes-l’oeils à s’y méprendre et sentir la poudre à lessive émaner des linges peints pendus à de fausses fenêtres. Une corniche, un chat qui passe et les perspectives improbables de la vieille ville, qui est considérée comme la plus grande d’Europe. Il est littéralement impossible de ne pas se perdre dans ce dédale. Mon seul véritable point de repère est la vitrine de « Romanengo Pietro Fu Stefano » et ses fruits confits traditionnels, brillants, poisseux de glucose coloré. Je venais justement de débouler sur la Via degli Orefici quand un très étroit marchand de disques s’est mis à jouer « Genova per noi » de Paolo Conte, je me suis appuyée contre un mur et j’ai pleuré.
Près du deuxième plus important port de la Méditerranée, ça sent l’Afrique et les brochettes d’agneau, des rues entières débordent de perruques tropicales, de manioc, de tissus, de boubous. Sous les arcades sombres qui puent la pisse, pas loin du port à la Renzo Piano, tout architecturé et glamour où les poissons sont en bocal et les plantes en serre, où des dames sirotent des San Pellegrino fraîches sur un transat près de la piscine ouverte pendant que d’autres dames s’essoufflent en aqua gym.
Bianca Neve s’apprête à croquer dans la pomme interdite devant le regard sombre d’un bonhomme en cuivre oxydé. C’est sans doute un personnage important de l’histoire mais je m’en fous, je préfère les couleurs vulgaires du carrousel et les petites lumières qui brillent. Surtout qu’on est sous le pont de l’autoroute qui fend la ville en deux, grosse cicatrice immonde qui balance des gaz sur les stands de pastèques.
Bonsoir Juliane !
J’ai eu un grand plaisir à vous lire. J’aime vos photos et j’aime votre écriture. Et cerise sur mes gâteaux, vous brossez, en touches gourmandes, un portrait de mon activité à Plainpalais qui me laisse tout revigorer.
Merci.
Daniel Sepe
Traiteur de tartes
J’en suis ravie! Merci Daniel!
Vous voyez que, entre passionnés, on se retrouve!
Excellente suite à vous et à bientôt!